J’étais censée faire beaucoup de choses cette semaine.
Dont vous proposer ma check-list de concert en vente à prix libre à partir de 1€ et l’offrir aux membres du Club.
Mais les imprévus et ma santé physique et mentale en dents de scie en ont décidé autrement. Ce sera pour une prochaine fois.Je suis désolée de ne pas avoir…
Merci pour votre compréhension.
De toute façon.
Vous n’attendez pas impatiemment cette check-list au point de vous ronger les sangs. Les membres du Club ne vont pas m’envoyer un message de mécontentement sur Discord.
Enfin… j’espère ?!
En tant qu’artiste, on s’excuse (trop) souvent
De décaler nos sorties de clips ou d’albums. De répondre tardivement à un e-mail. D’annuler nos concerts. D’être absent-es des réseaux. De livrer en retard les contreparties des campagnes de crowdfunding etc.
Je ne nous juge pas. Je ne nous dis pas d’arrêter. Je questionne cette tendance qui me semble révéler une grande anxiété générale.
S’excuser est un réflexe social mais foi bienveillant, certain-es pourraient dire un conditionnement social.
En tant qu’artistes, on ne veut pas décevoir notre public devenu notre “clientèle” le temps d’un achat.
Mais justement.
Si vous lisez ce blog et si je l’écris, c’est que ne nous somme pas (encore) le genre d’artistes faisant payer 150€ leur place de concert ou devant honorer absolument un placement de produit sur Instagram sous peine de perdre gros.
Et si quelqu’un-e a contribué à hauteur de 150€ à notre crowdfunding, c’est car iel veut nous soutenir, quoi qu’il arrive.
Notre clientèle est notre public. Un public c’est avant tout un ensemble de coeurs qui vibrent à l’unisson pour nous, pour ce que l’on fait, quoi qu’il arrive.
Clientèle ≠ Public
La pub se sert de l’art pour faire vendre des produits. Des produits qui à la base ne sont pas là pour enfanter une émotion ou faire danser (oui, je sais, ça se discute).
Exemple avec la publicité CNP Assurance de 1993
Elle a beaucoup marqué les esprits, dont le mien et sûrement celui d’André Rieu.
Je vous laisse checker sur le web.
Une assurance vie n’est pas vraiment un produit qui fait vibrer les coeurs.
Réalisez un très beau film qui résume la vie d’une personne à travers les âges, les époques et les saisons en plan séquence de gauche à droit. Ajoutez une belle valse de Shostakovitch inconnue au bataillon. Hop, vous créez de l’émotion chez votre clientèle potentielle qui devient, le temps d’une pub, un public conquis.
On s’énerve souvent contre notre compagnie d’assurance qui a mis en tout petit une clause importante qui ne va pas dans notre sens.
On ne s’énerve pas contre un-e artiste qui n’a pas tenue une promesse.
Enfin si. On s’énerve contre celles et ceux qui se révèlent être des oppresseur-euses, sexistes, racistes, validistes, méprisant-es envers les classes populaires, pollueur-euses etc.
Pour prendre un exemple extrême des plus tragiques et effrayants , on a été beaucoup à être être très très très très très très très énervé-es contre Bertrand Cantat.
Et la différence est là. Ces artistes ont réellement fauté, iels sont coupables de quelque chose.
Je crois, si je ne m’abuse, qu’à la base on s’excuse quand on a vraiment mis quelqu’un-e ou un groupe de personnes dans la mouise.
On ne devrait pas donc pas ressentir une culpabilité mortifère à ne pas envoyer à temps pour le crowdfunding 50 vinyles auto-produits car il y a eu une catastrophe climatique ou que des artistes comme Adèle sont passé-es en priorité à l’usine de pressage.
L’empathie du public pour l’artiste
Un coeur qui vibre ressent de l’empathie. Le public se sent connecté à l’artiste qu’il aime et qui ne le déçoit pas. C’est ce même effet de miroir, je pense, qui nous fait sentir qu’une chanson est écrite pour nous.
Alors ce pour quoi on s’excuse sera entendu et pardonné, il n’y a même pas faute.
Je ne dis pas de ne pas s’excuser (bis). Aucune injonction. Je remarque, je questionne…
Une excuse envers soi
Je me dis que je devrais un peu moins m’excuser et me justifier de mes manquements lorsqu’ils n’en sont pas. Je devrais compter sur la compréhension des autres.
Ton esprit est traumatisé par des reproches et des accusations proférées dans le passé à ton encontre pour des fautes que tu n’as pas commises…
Si vous lisez avec intérêt mes articles, vous devez apprécier un minimum la personne que vous semblez entre-apercevoir derrière ces lignes. Mes articles vous parlent. Vous ressentez sûrement de l’empathie.
Auto-persuasion.
Mon réflexe serait de m’excuser de n’avoir pas pu livrer à temps l’article à check-list de concert.
Et à la fois, je ne vous ai pas indiqué de date.
Je me connais sans m’en rendre compte, en fait.
Et si j’en avais indiqué une. Ça aurait changé quoi ? Je n’ai pas pu, je n’ai pas pu. Point. Pas grand chose était en jeu.
Mmmm donc.
Est-ce que je ne serais pas en train de me sentir en faute vis-à-vis de moi-même ? Est-ce moi la personne que j’ai peur de décevoir ? Est-ce moi qui m’en demande trop ?
Suis-je la seule personne dans ce cas de figure ???
Devrais-je aussi m’en vouloir de tomber dans ces travers ?
Devrais-je être désolé d’être désolé ?
Phrase qu’on se répète souvent avec Hildegarde
…
Lorsque je crée de la musique, je n’entre pas autant en introspection.
L’écriture de ce blog est une forme de création qui me permet de le faire.
Les tergiversations intérieures conscientes ou inconscientes durant l’écriture d’une chanson et celle d’un article, leur présentation au public, me semblent être cependant les mêmes.
La même dynamique peut se mettre en branle si je prépare un repas avec amour à quelqu’un-e.
…
La création et le processus de création sont bel et bien des révélateurs de nos états d’âme, n’est-ce pas ?!
Tentons d’arrêter de nous excuser
Quand nous ne répondons pas à un mail juste après l’avoir lu.
Sus aux messageries des réseaux sociaux ! 🔪
Avec cet horrible “vu” qui nous met dans l’effroi. Avec cette impossibilité d’organiser les messages. C’est sûrement fait exprès pour nous obliger à faire tout tout de suite et à rester connecté-es h24. Et à nous sentir lésé-es, stressé-es ou coupables d’avoir tardé ou oublié. C’est pour cette raison que je demande à mes contacts de continuer par e-mail…
Quand on est fatigué, malade.
Quand on est pas libres car on doit s’occuper d’un enfant, d’un proche, d’un animal.
Quand il nous a fallut du temps pour digérer un message, une nouvelle, une pandémie, une tragédie.
La liste est longue…
Pour me soigner un peu peut de tout ça, je me reprends et je me demande :
Ai-je fauté ? N’avais-je pas une bonne raison que la personne comprendra tout à fait sans que je m’excuse ?
Et si par réflexe je m’excuse, il faudra que je ne m’en veuille pas.
Et je raconte mon changement d’habitude à tout va. Et je conseille aux gens d’essayer de faire de même. Maintenant, je partagerai cet article.
“Merci pour ta patience, j’étais malade, je n’ai pas pu te répondre avant.”
À l’écrit, c’est plus simple. À l’oral, c’est plus compliqué.
Attention cependant
Il ne faudrait pas non plus qu’on se serve de cette technique pour laisser des gens en plan sans prendre ses responsabilités.
Quand on y pense, cette technique est souvent utilisée par des instances de pouvoir ou des personnes avantagées dans un rapport de force
Nous ne pouvons honorer votre demande. Merci d’avance pour votre compréhension.
Il faut me comprendre, ouin ouin ouin, je m’étouffe avec ma cuillère en argent.
Cependant même les excuses sonnent faux dans ces situations. Les “Je suis désolé-e si je vous ai offensé” et les “Veuillez nous excuser pour la gêne occasionnée” n’adoucissent pas les problèmes et ne réparent rien.
Culpabilité lâchée, idées qui abondent
Lorsque le poids de la culpabilité injustifiée s’envole, on se sent plus léger-e. Et lorsqu’on se sent plus léger-e, on est plus ouvert-e à l’inspiration, aux rencontres heureuses etc.
Les idées germent.
Proposer une compensation même symbolique ou une 3ème voie aide surtout à réparer le « tord » imaginaire ou réel causé à autrui ou à soi.
Comme le dessert offert au restaurant car le plat principal a beaucoup trop tardé.
“Pour vous remercier de votre patience, voici un cadeau”
On ne peut pas envoyer à temps les vinyles à celles et ceux qui les ont pré-commandé ? ⇾⇾⇾ Envoyons-leur un clip en exclu !
J’ai dû m’éloigner des réseaux sociaux ? ⇾⇾⇾ Voici une nouvelle chanson composée durant ma cure de désintox digitale !
Je n’ai pas pu vous proposer la check-list de concert ? ⇾⇾⇾ Voilà un article écrit quasiment d’un seul jet sur le fait d’arrêter de s’excuser.
C’est juste après la lecture du dernier article de
sur son blog que m'est venue l’inspiration fulgurante de cet article.J'ai pris la décision de ne pas travailler sur la check-list et de remettre à plus tard ce projet (sans m’excuser et en me pardonnant d’être désolé d’avoir eu le réflexe de vouloir m’excuser). Et l’idée a germé.
Le truc en plus
Comme le dessert au restaurant ou les fleurs qui aident à faire passer la pilule d’une promesse non-tenue, je vous partage justement l’article de Louise Morel. Il m’a tellement parlé !
Son thème est un de ceux qui revient souvent en filigrane dans mon blog "Personne ne viendra vous chercher".
Et bien, je n'écrirai pas d’article sur ce thème car Louise Morel l'a fait. Merci Louise !
Je vous dis à très bientôt.
Gardons le cap !
Je relis cette phrase plusieurs fois pour aussi me l’adresser…
Ton article me rapelle des souvenirs ! C'est mon 2ème prof de chant qui m'a appris à ne plus m'excuser: après quelques cours où, comme souvent je m'excusais par divers moyens plus ou moins inconscients (deflection par l'humour, sourire géné, levage de sourcils) dès que je pensais faire une erreur, il m'a dit que juger ma façon de chanter, c'était son boulot, pas le miens. Le miens était de chanter et rien d'autre.. et il ne m'a pas lâcher pour me faire appliquer ça. Ca a pris au moins 6 mois, et ça a demandé une application "physique" et des rappels à l'ordre constant pour éliminer ce réflexe.
Donc oui c'est compliqué !
C'est aussi assez compliqué de savoir dans quel cas s'excuser est pertinent où pas. En plus de la gravité des conséquences, je vois deux notions à considérer.
La 1ère: a-t-on été jugé/accusé de quelque chose ? Si ce n'est pas le cas, c'est que NOUS nous sentons coupable donc que c'est un problème pour nous, et pas nécessairement pour les autres.
La 2ème, je la tiens du roman "Melmoth Furieux" de Sabrina Calvo. Dans ce roman, le "méchant" est une sorte d'entité qu'on appelle "La métrique", mais c'est avant tout une métaphore pour caractériser tout ce qui, dans la vie, veut nous faire rentrer dans les cases, nous résumer à des chiffres, nous conformer à, c'est un peu la notion de management aussi.
Je trouve ce mot, cette notion qui rassemble beaucoup de choses impalpables, très pratique car elle permet d'ouvrir les yeux et de remettre en cause l'origine et la pertinence de nos comportements. Par exemple, quand on s'excuse alors que personne ne s'est plaint où n'a souffert de nos manques, dans quel mesure est-ce dû à "La Métrique" ?