Bien entendu, je vous souhaite une bonne année !
Je vous souhaite avant tout une bonne santé physique et mentale.
Et aussi beaucoup beaucoup d'argent issu de votre activité artistique, on y croit 🤑
Trêve de plaisanterie : je vous souhaite de l'équilibre, ou du moins d’arriver à vous mettre en mouvement pour le trouver. VoxAxoV vous le dit :
Dans mon précédent article, je parlais du fait que l'entraide entre artistes est un moyen de se promouvoir, de s'empouvoirer, d'oser aller de l'avant et d'oser se vendre. L'union fait la force, je n’invente rien.
J'ai cité plusieurs domaines d'actions : le web, les collaborations artistiques, les collectifs, les concerts, les échanges de connaissances, se payer entre collaborateurices... Il y en a sûrement d’autres ! Vous en avez ?
Je vais revenir sur un thème précis : les playlists.
Mon amour des playlists remontent à loin !
J’ai eu l’honneur de connaître les compilations faite maison sur K7 puis sur CD avant l’ère internet. J’en faisais beaucoup. Et on m’en offrait aussi.
Je garde toujours précieusement celle que m’avait offerte Nahash quand on était au lycée ensemble.
J’ai aussi découvert énormément de musique avant internet grâce aux compilations des magazines. Je me souviens d’avoir frissonner à l’écoute de la chanson “Down by the water” de PJ Harvey sur une compil de Rock'n'Folk ou des Inrockuptibles.
J’ai trouvé sur internet un blog qui recense les compilations des Inrockuptibles ICI. Pour celleux qui ont connu cette période, vous allez fondre…
Et ne parlons pas des compilations de Radio Nova pré-streaming ! TMTC si tu C !
Un expo flottante sans bouger de chez soi
Créer une playlist, qu’on soit artiste ou pas, c’est comme proposer une exposition virtuelle très peu onéreuse pour le public.
Le prix de l'entrée à l'expo c'est une microscopique partie d’un abonnement ou l’écoute / visionnage de pubs (on peut aussi installer des bloqueurs de publicité sur YouTube par ex).
Ou c'est une entrée gratuite avec les playlists sur Soundcloud, les mixs sur Mixcloud ou d’autres services gratuits.
J'ai découvert au gré de mes recherches l’initiative de la Bibliothèque Municipale de Lyon qui propose “une plateforme de musique gratuite et équitable de plus de 5 millions de titres” ! Découvrez ICI.
Cette expo est accessible de partout si réseau il y a. Parfois, même plus besoin de réseau (ne me demander pas comment ça fonctionne).
Elle est aussi évolutive. Elle n’est pas figée dans le temps ou dans l'espace.
L’expo se partage et crée des passerelles avec d'autres expos flottantes.
Mixtapes, mix, compil, playlist, best-of… Autant de manière de regrouper des morceaux pour composer la BO de l’air du temps, pour créer une atmosphère, proposer un voyage musical, pour faire découvrir, danser, pleurer, pour séduire aussi.
Le rapport des artistes aux playlists
Maintenant, avoir un morceau sur une playlist de renommée semble presque autant important que de l’avoir en radio (même si ça rapporte beaucoup moins de sous, mais ça c’est une autre histoire) (oui j’écris souvent ça).
Internet regorge d'articles sur le pouvoir des playlists.
Comment ça propulse la carrière des artistes. Comment c’est the place to be. Surtout les playlists Spotify, bien entendu.
Vous trouverez des articles avec moultes conseils pour optimiser les chaînes, pour contacter les curateurices, des comparatifs entre les services de mise en relation entre curateurices et artistes (Groover, Submit Hub, Musosoup), sur l'intérêt de faire appel aux servicex d'un-e attaché-e de presse ou d'un-e plugger spécialisé-e...
Donc je ne vais pas écrire ici ce qui s’écrit déjà, et ça n’est pas mon domaine d’expertise et ça m’ennuierait de le faire.
On est d'accord, les playlists propulsent rarement le compte en banque des artistes émergent-es (voire bien en place) à des chiffres à plus de 3 zéros mais ça c'est une autre histoire (bis).
Oui mais voilà, c'est pas si simple, en fait de se retrouver en playlist.
Il faut de l'argent (encore et toujours) pour l'attaché-e de presse ou la campagne Groover. Un projet tip top à tous les niveaux. Un entourage.
Et puis quand on a pas de sortie de prévue c’est compliqué. Et puis quand on débute. Et puis quand on se sent seul-e et isole-e dans son projet. Et puis quand on se galère déjà bien beaucoup pour avoir des likes sans payer de sponsos. Et puis quand on a un giga coup de mou.
On fait quoi ? 😭
Et bien, en tant qu'artiste, on tente les playlists. Vous avez sûrement déjà entendu ce conseil, vous en faites déjà peut-être souvent, mais on va creuser un peu le sujet.
MAIS, avant d’aller plus loin
Pas d’injonction
Si vous estimez que ce n’est pas votre truc, que vous avez déjà beaucoup trop de choses à faire, que vous avez l’impression que ça n’est pas probant pour votre projet. N’en faites pas, bien entendu. Ça n’est pas une règle, ni la clef du succès.
Et - je vous voie les artistes hyper pleins d’enthousiasme débordant mais au bord du burn-out quand même - si vous avez vraiment envie d’en faire MAIS que cette mission va s’ajouter aux 130 autres que vous vous êtes dit que vous alliez faire. Lisez cet article et gardez cette idée en tête pour plus tard.
Pas de prosélytisme
Je parle souvent des travers des plateformes de streaming car elles rémunèrent mal les artistes et leurs équipes, mais ce n’est pas le sujet de cet article.
J’ai un abonnement à Apple Music qui, même si elle rémunère mieux les artistes que Spotify, Deezer ou YouTube, a aussi ses défauts.
Je ne vais pas vous dire de choisir une plateforme plutôt qu’une autre pour vos playlists, de partir en guerre ou de vous agenouiller devant la toute puissance du stream.
Ça c’est dit…
La reconnaissance des pairs
On oublie parfois que l'un des 1ers publics des artistes après la famille et les amix, est celui constitué par d'autres artistes.
On peut d'ailleurs avoir beaucoup de reconnaissance de nos pairs (oh mon dieu ce mot n'existe qu'au masculin rrrr) et être invisibles aux yeux des médias, du grand public... pour de multiples raisons, pendant un temps ou tout au long de sa vie.
Je vais citer le cas de Van Gogh résumé par Nicolas Galita dans son article, à la question #2
On cultive le mythe de l’artiste incompris. Tu sais… comme Van Gogh qui serait mort sans reconnaissance.
Alors…premièrement les cas à la Van Gogh sont super rares. C’est l’exception plus que la règle.
Ensuite… même un Van Gogh était reconnu par les autres artistes. Il n’avait pas la reconnaissance du public, certes. Mais il avait bien des amis artistes qui le reconnaissaient.
“En 1886, l’artiste rejoint son frère Théo à Paris. Ce dernier l’introduit dans le monde de la bohème artistique montmartroise. Vincent Van Gogh y noue des amitiés, notamment avec Henri de Toulouse-Lautrec”
Il était également ami avec Paul Gauguin.
Tout ça alors qu’il est mort jeune (37 ans).
Un artiste qui est suffisamment exposé, va forcément être jugé par ses pairs. Et surtout, il s’inscrira souvent dans une famille artistique.
La reconnaissance des autres artistes comme levier d'accélération de carrière.
Cette reconnaissance peut être basée :
Sur des liens amicaux ou familiaux. “cet-te artiste c'est mon ami-e, mon cousin-e, iel est extra, écoutez sa musique”.
Sur des résonances de valeurs. Pour prendre un exemple bien pété, nous avons les Enfoirés des Restos du Coeur. Je dis bien pété à cause de nombreux scandales que Gala résume bien ici 🤣 (oui Gala, pourquoi pas). Plus sérieusement, le collectif Musiciennes&Co a été créé aussi pour ça "qu'importe le style, le niveau de développement... entraidons-nous".
M&Co est un réseau d’entraide et de soutien pour les femmes, les trans et les non-binaires artistes ou non artistes de la musique, que j’ai co-fondé en 2015 avec d’autres artistes. Pour en savoir plus, c’est ICI.
Via des collaborations. Bidule fait de la basse pour PolygoneZeBand mais Bidule a ellui-même son band dans lequel Machin fait du synthé et Machin a aussi son projet signé sur le même label que celui de Truc qui joue aussi avec Bidule dans son side project jazz. Bidule Machin et Truc ont aussi sorti un titre ensemble. Vous pouvez aussi imaginer des situations beaucoup plus simples.
Des univers créatifs similaires, qu'importe la discipline artistique. Pour me prendre once again en exemple, VoxAxoV est attiré-e et attire une certaine communauté ambient, expé, dark, théâtrale, spirituelle, engagée... et on collabore, on s'envoie des coeurs, on se recommande.
Des mises en relation artistiques par l'entourage pro de l'artiste. La maison d'édition de l'artiste lui propose une collab avec un-e autre artiste du catalogue, le ou la manager de l'artiste va trouver des artistes électro pour un remix de son groupe de pop...
Et puis il y a les playlists créées par les artistes
J’ai fait un sondage Instagram et vos réponses étaient hyper intéressantes (comme à chaque fois).
À la question « si vous ne faites pas de playlists, pourquoi ? » on m’a répondu « car je ne vois pas qui l’écouterait ».
Même si vous avez 50 abonné-es à votre newsletter, 10 l’écouteront et c’est déjà ça !
Votre public veut découvrir votre constellation et veut savoir ce qui vous anime et vous inspire.
Je le sais d'expérience, j'ai reçu beaucoup de messages suite à mes nombreuses playlists ou mixs "oh j'ai adoré, un vrai voyage" "je connaissais pas Deradoorian, merci pour la découverte" "j'ai vraiment reconnu tes influences" "oh mais tu connais Hildegarde ?".
Vos playlists peuvent avoir un thème ou une ambiance particulières. Ou être des fourre-tout : vos classiques, vos influences, vos idoles, vos découvertes mais aussi des artistes émergent-es, vos potes artistes…
Lorsque vous partagez ces playlists ou vos mixs sur les réseaux sociaux, n’oubliez pas de taguer les comptes des artistes. Les émergent-es mais pourquoi pas les bien connu-es.
Cet exercice est assez courant avec les mix des artistes de musique électronique ou avec les mixtapes de rap : on partage carrément la photo de la tracklist.
Il y a des chances que la playlist ou le mix voyagent, que votre post et/ou votre story soient repartagées, que votre public, les artistes mentionné-es - et pourquoi pas leur public, aillent écouter, s’abonnent à votre chaîne…
Les artistes vous remercieront sûrement à leur façon. En vous écrivant, en repostant, en envoyant un coeur en message privé…
ET TOUT CELA FAIT DU BIEN
Personnellement, j’adore écouter les playlists et les mixs de mes amix artistes. Déjà car lolilol je suis parfois dedans (cf. paragraphe suivant). Surtout car je plonge dans leur univers, je retrouve des amix ou des influences communes et, moi qui ai tant besoin de surprises, j’ai des boums à l’âme.
À la question « est-ce que ça vous fait plaisir d’apparaître dans une playlist » vous avez coché à 77% « ah bah grave » (15% ça ne m'est jamais arrivé). Alors rien que pour faire plaisir aux gens, mettez vos crushs musicaux dans vos sélections.
J’ai tellement aimé la playlist de Thérèse que j’en ai fait une longue story en taguant mes coups de coeurs et j’ai reçu des remerciements des artistes mentionné-es alors que j'avais simplement partager la playlist d’une autre personne.
C’est dire à quel point le pouvoir de ces playlists et de ses mixs est fort !
Vous voyez où je veux en venir ? 😈
Les artistes peuvent aussi créer l’effet boule de neige.
Se faire kiffer les un-es des autres. Être dès prescripteur-euses comme le seraient les médias. Je me souviens que l'artiste Daphné Swân avait écrit quelque part quelque chose dans le genre, ça m'avait marqué.
Attention ! Je ne dis pas qu’on peut se passer des médias ou que fuck them, oh la la loin de moi cette idée.
(Grande) digression sur les médias
Selon moi, les journalistes musicaux ou les curateurices sont dans leur majorité des passionné-es qui auraient choisi un autre métier si leur but était d’être riches ou de se faire cirer les pompes.
Les éclats de quelques journalistes musicaux d’art trop en place qui font la pluie et le beau temps sont en fait, des exceptions. Et qui dit qu’iels ne méritent pas leur place ?
Aussi, ce n’est pas parce qu’une partie de ces personnes ont fait de l’art avant, qu’elles sont, en fait, des artistes frustré-es (vive la psychologie de bas étage). On en parle de la frustration des artistes qui n’ont pas arrêté ? On est toustes plus ou moins frustré-es dans cette société.
Si certain-es journalistes sont problématiques c’est plutôt selon moi en partie quand leur opinions sont influencées par des biais oppressifs. Et les biais oppressifs sont à la portée de tout le monde, pas que des journalistes.
BREF reprenons
Les artistes se sentent parfois tellement impuissant-es à transformer le milieu de l'intérieur, à tenter de s’y faire une place, à la tenir, à garder le cap ou l’inspiration etc
Il n’est pas question de l'impression de puissance que procure la scène et la connexion avec le public, aussi petit qu’il soit.
Ce sentiment d'impuissance, fait oublier aux artistes qu’iels sont la matière première ET les ouvrier-ères sans qui le milieu n'existerait pas.
Vous me voyez venir avec mes tendances anarco-révolutionnaires ?
Ça vous rappelle pas un peu des situations critiques passées ou contemporaines où il faut que des personnes essentielles au roulement d’une société mais avec peu de pouvoir se fédèrent et fassent trembler la hiérarchie à leur risque et péril pour faire basculer la balance du pouvoir ?
Seulement, en attendant le grand soir, on craint pas la prison ou la mort à faire des playlists ou des mixs.
Vous n’êtes pas artistes de musique, et alors ?
Vous êtes nombreuxses à me lire !
Vous évoluez dans la filière musique
Si vous n’avez pas de problèmes à vous exposer sur les réseaux sociaux et si vous avez le temps, qu’importe votre métier (même si vous ne travaillez pas en contact avec les artistes), vous avez tout intérêt à proposer vos compilations.
Pour promouvoir vos activités ou celles de votre structure, pour vous “brander” entre deux CDDs. Ces playlists ou ces mixs contiendront les artistes avec qui vous travaillez ou celleux de votre catalogue, vos amours d’adolescence, les artistes d’un label ami...
Bien entendu, les maisons d’éditions, les salles de concerts et les labels se prêtent très souvent à cet exercice. Et ce depuis bien avant les plateformes de streaming.
Pas dans la musique mais artiste, chef-fe de projet ou entrepreneur-euse
Pourquoi ne pas créer une playlist et proposer ainsi une bande originale à votre activité ? Les grandes entreprises misent beaucoup sur la musique pour leur “image sonore” de marque.
Pour les musicien-nes, ce peut être un début de travail de “synchro”, de sponsoring, voir de placement de produits avec des structures de figurer dans votre sélection.
D’une playlist d’artiste non-musical-e, peut naître une collaboration pluri-disciplinaire avec un-e musicien-ne.
Idem : taguez bien les profils des artistes dans vos partages sur les RS !
Si vous choisissez de créer une playlist sur YouTube, vous pouvez aussi inclure des vidéos relatives à votre secteur d’activité.
Vous n’êtes rien de cela
La musique et les artistes vous passionnent ? Vous avez déjà des playlists enregistrées ? Partagez-les, offrez-en une à quelqu’un-e comme on le faisait avec les compilations K7 d’antan. Postez-les même sur les réseaux !
Vous êtes le public sans qui rien n'aurait de sens. Vos playlists, vos mixs, vos partages, vos dédicaces, vos recommandations valent autant qu’un article sur un blog.
On fait de la musique pour vous. Pour ces moments d’échanges forts.
Et la playlist de Charlotte Cegarra alors ?
Je ne l’ai pas fini 🤣
J’étais bien trop occupée à faire le sondage sur Instagram, à me perdre dans mes recherches sur le sujet et à écrire cet article.
Et à survivre à ce changement d’année qui fut très tumultueux pour moi.
Ce sera pour la prochaine fois et ce sera fort intéressant, car cette playlist ne sera ni sur Spotify, ni sur Deezer, ni sur Apple Music… Mystère mystère !
En attendant, j’attends de découvrir vos playlists. N’hésitez pas à me les envoyer surtout si c’est cet article qui vous a poussé à les créer ❤️️
Allez, gardons le cap !