Les mixs quand on est ni DJ ni artiste de musique électronique
Un beau moyen de faire communauté et de se promouvoir créativement
Comme le titre de cet article l’annonce, je m’adresse aux artistes qui ne sont pas habitué-es à faire des “mixs”.
De quel genre de “mix” parle-t-on ?
J’entends par mix ce que le Larousse en dit d’une mauvaise manière :
Assemblage de différents morceaux de musique et/ou effets sonores réalisé par un DJ avec une fluidité rythmique et tonale.
La fluidité rythmique et tonale n’est vraiment pas une obligation. On peut ne pas être DJ et faire un mix.
Cet assemblage peut se faire en live lors d’un évènement réel, virtuel ou les deux (dans le cas génial des évènements type Boiler Room par exemple).
Cet assemblage peut se faire en différé : l’artiste crée dans son coin le mix et l’enregistre. Le mix est ensuite diffusé sur le web, à la radio...
Comme les playlists créées par des artistes, les mixs en différé sont une belle manière de se promouvoir créativement. Les artistes sont (très) rarement rémunéré-es pour ça mais le jeu en vaut la chandelle.
Mon mix “Sortie de Cabane”
J’ai fait un mix pour la webradio Radio Station Essence dans l’émission Déviance Vibratoire chapeautée par Minibulle.
Comme d’habitude, je vous partage mon actualité tout en vous expliquant le pourquoi du comment en espérant que cela vous inspire.
J’adore faire des mixs
Mon 1er mix remonte à 2007. Je l’avais intitulé Volca mix. Décidément, les volcans peuplent ma vie et me fascinent : j’ai visité Pompéi la semaine dernière.
En 2007, on ne pouvait pas si facilement mettre en ligne des mixs sur une plateforme comme MixCloud ou Soundcloud.
À part y trouver du plaisir, il n’y avait aucune autre finalité à ce que j’en fasse. Je ne faisais pas non plus de DJ sets.
À l’époque, je passais mon temps à copier de la musique à partir des ordinateurs de mes amix sur un disque dur bien nommé Panier.
Quelques années auparavant alors que j’étais en Musicologie à St Denis, j’avais pour habitude d’aller dans toutes les médiathèques de Paris emprunter des disques et les copier. C’est dans une médiathèque que j’ai découvert le Richard D. James Album de Aphex Twin.
Pour ce 1er mix, j’avais utilisé Ableton.
Je mélangeais des choses improbables en y ajoutant pleins d’effets : ambient, néo-classique, musique expérimentale, hip-hop, électronica, musique traditionnelle, poèmes…
Je changeais le tempo, la tonalité.
Je rajoutais parfois mes voix transformées : parlé-chanté, nappes de réverbe, échos, voix distordus...
À cette description, les habitué-es diront :
Oui, Charlotte, tu as fait un DJ set, rien d’exceptionnel à cela.
Sauf que pour moi, un DJ set c’était la définition du Larousse : un mix de musique non-dissonante plutôt dansante avec des rythmes calés. Je ne me considérais pas du tout comme DJ.
J’ai un peu laissé tomber ma passion du mix et ce n’est qu’avec la naissance de VoxAxoV en 2019 que je me suis remise avec enthousiasme à l’exercice, rendu beaucoup plus accessible de nos jours :
Progrès technologique : c’est simple de trouver de la musique, de l’enregistrer, grâce à la rapidité du web et la facilité de mise en ligne pour de gros fichiers etc.
Connexion directe au public sans intermédiaire médiatique via des plateformes de streaming parfois gratuites.
Possibilité simplifiée de partage et de diffusion de musiques libres de droits, inédites, alternatives etc.
Une quantité incroyable de webradios et de podcasts faciles d’accès pour relayer les mixs.
La diversité et l’hybridation musicale beaucoup plus acceptées et popularisées.
Se promouvoir créativement, en solidarité
J’ai fait un article sur le pouvoir des playlists créées par des artistes comme moyen de promotion vertueux et alternatif, vecteur de solidarité entre consoeurs et confrères.
Si je comparais les playlists d’artiste à une “exposition flottante” curatée par l’artiste ellui-même, avec un mix, on va encore plus loin dans la proposition artistique.
Le mix à une durée “finie” et est gravé dans le marbre du web.
Il s’agit d’une réelle pièce créative. Un voyage. La photographie sonore d’un moment de vie.
On peut présenter des oeuvres inédites, des bruitages, des extraits de films. On peut y ajouter des mots. Mélanger des titres. Ajouter des effets. Faire un duo avec un-e artiste défunt-e…
Le champ des possibles est infini.
“Mais je fais et j’écoute surtout de la variété !”
On pourrait se dire, comme je me disais à l’époque de mon Volca mix, que seule le hip-hop ou la musique électronique peuvent se mixer.
Que nenni. Oui, j’adore cette expression.
Remontons le temps...
Après la seconde guerre mondiale, dans les dancings en ville, une personne passe des disques en vogue pour faire danser. À la campagne, c’est plutôt les bals avec orchestre…
À la fin des années 70, c’est la Fièvre du Samedi Soir, le rock devient trop bizarre pour être dansé (ou alors on pogotte devant un groupe de punk).
Un-e DJ, casque sur la tête, desfois dans une réelle “cabine”, enchaîne les disques et ça sue sur la piste de danse, la disco enflamme tout. Après de la disco vient le hip-hop, la house music etc
Les radios s’en donnent à coeur joie. Les DJs et les radios ont toujours une relation précieuse depuis le début.
Là, je ne vous parle que de ce qui se faisait en Occident.
Tout ça pour bien vous faire comprendre que le hip-hop, le dub et l’EDM n’ont pas le monopole du mix et ce depuis longtemps. Au diable la “fluidité rythmique ou tonale”.
Tout peut se transformer en mix.
Si vous devez et/ou préférez garder une continuité de style dans vos oeuvres, vos mixs eux, comme vos playlists, peuvent aller dans tous les sens et montrer d’autres facettes de votre univers.
Comment on crée des mixs ?
Si vous ne savez pas, pas de panique.
Vous vous enregistrez sûrement sur un ordinateur et vous utilisez sûrement un logiciel de montage sonore.
Importez les morceaux dans le logiciel et mettez-les à la suite les uns des autres selon un ordre qui vous parle, mélangez-les, caler les rythmes ou pas, changez les tonalités ou pas, ajoutez des effets, des voix…
Vous pouvez aussi utiliser des logiciels dédiés au DJing, plus pratiques pour enregistrer vos mixs “en live” : Tracktor, Serato, Virtual DJ, Mixxx (gratuit en open source)…
On oublie jamais que l’on peut demander autour de soi pour être initié-e ou partager le matériel. Beaucoup d’organismes de formation musicale proposent désormais des cours de DJing. Idem, le net regorge de tutos pour cela.
Il y a des applications pour smartphones (Cross DJ par exemple).
La partie commentaires en bas est aussi faite pour vos suggestions !
Vous pouvez aussi enregistrer votre mix en live si vous passez de la musique en formats vinyle, K7, CDs, Disquette, MiniDiscs, VHS, bandes, DAT, cylindre phonographique.
Diffuser ses mixs, simplement
Via ses propres plateformes
Beaucoup d’artistes ont un compte sur Soundcloud : on s’en sert souvent comme moyen de faire écouter en privé nos morceaux.
Celles et ceux qui font des mixs régulièrement les mettent en ligne sur Soundcloud, Mixcloud et maintenant Hearthis (ou d’autres plateformes que je ne connais pas, n’hésitez pas à me dire). Je suis aussi desfois tombé sur des mixs proposés gratuitement sur Bandcamp. Celles et ceux qui ont des sites internets peuvent y ajouter un player spécial mixs.
Il faut payer l’abonnement “Next Pro” de Soundcloud si on veut mettre en ligne plus de 3 heures de musique. Avec les mixs, on les dépasse rapidement. Mixcloud est devenu lui aussi payant pour l’écoute et pour les artistes. Cela a vraiment mis dans l’embarras beaucoup de DJs, de créateurices de podcasts, de radios…
Ainsi, Radio Station Essence a migré vers une nouvelle plateforme gratuite Hearthis. Découvrez le compte Hearthis de Radio Station Essence ICI. Affaire à suivre.
Via des radios
Il existe beaucoup de radios associatives avec des émissions qui diffusent des sélections musicales d’artistes. N’hésitez pas à contacter les radios locales de votre région.
Ou des webradios
Leur nombre est immense. Il suffit de taper “annuaire webradios” dans Google et c’est la baraka.
Si vous avez pour habitude de suivre l’actualité des artistes dont l’univers vous parle et/ou colle à votre projet, n’hésitez pas à contacter les webradios sur lesquelles iels passent.
Si le milieu spécifique à votre style de musique n’est pas habitué aux mixs, vous pouvez communiquer avec des webradios spécialisées et leur proposer une expérience inédite.
Attention aux droits
Un mix, en tant qu’oeuvre, n’est pas censé vous rapporter de l’argent si vous n’avez pas l’autorisation des artistes de diffuser leur musique qui n’est pas libre de droit et/ou si la diffusion du mix ne passe pas entre les filets des organismes de rétribution de droits d’auteurs et voisins. J’espère être clair et ne pas me tromper dans ce que je dis.
Il faut se mettre dans la peau d’un-e DJ qui mixe dans un club, club qui ne veut pas se faire courser par la SACEM1 (ou autre service de collecte de droits en dehors de France). La ou le DJ doit fournir la liste des oeuvres de son mix, liste qui est transmise en amont ou en aval à la SACEM.
Si votre mix passe sur une radio de grosse ampleur, on vous demandera également (et normalement) ce programme, cette liste.
Si la musique est diffusée sur une webradio intimiste ou que vous n’avez pas 2 millions d’abonné-es sur Soundcloud, il est bien possible que l’ajout à votre mix d’un morceau de Lady Gaga mélangé à du trash-noise ne pose pas de problème.
Le souci de YouTube
La plateforme a un système magique et obscure (je ne me suis pas penché sur la question) pour reconnaitre automatiquement les musiques.
Ainsi, il y a très peu de mixs sur YouTube.
Vous pouvez cependant mettre en ligne vos mixs sur YouTube si les oeuvres vous appartiennent, si les labels des artistes diffusé-es sont ok ou si les morceaux sont libres de droits. Ça fait beaucoup de si.
Je crée du lien avec mes mixs
Dans mon cas, j’aime ajouter principalement la musique de personnes avec qui je suis en contact, qui ont (ainsi que leur entourage pro) une approche généreuse de la musique ou dont la musique n’est pas encore sortie, peu diffusée.
La plupart du temps, je contacte les artistes en amont et leur demande s’iels pourraient m’offrir leur musique en format digital.
Si mes finances le permettent et que ça tombe au bon moment, j’attends le Bandcamp Friday ou j’achète sur Qobuz ou ailleurs.
Ça peut paraître évident pour les DJs mais quand on ne l’est pas ou que notre musique n’est pas dédiée aux dancefloors, l’expérience enchante tout le monde.
Quand vous partagez votre mix
Les radios vous demanderont sûrement la tracklist2 de votre mix, une illustration ou une photo. Voir même un intitulé spécifique et/ou un texte de présentation du mix.
Même si on ne vous le demande pas, ça peut être intéressant d’y réfléchir. Ces images et ces mots peuvent servir aux partages sur les plateformes, les réseaux, votre site internet ou dans votre newsletter.
Voilà ce que j’ai proposé à Radio Station Essence (qui a ajouté ensuite son logo et ajouté les mentions avec son lettrage) :
Ici VoxAxoV, artiste pluridimensionnelle.
Nous sortons d'un ermitage de plus d'une année. Il nous fallait vivre à la vitesse des arbres et nous reposer. Pourtant, durant cette convalescence, le temps ne s'est pas arrêté. En témoigne la sélection musicale que nous vous proposons et que nous avons intitulée "Sortie de Cabane". Elle est un témoignage de ce que nous avons traversé et de la manière dont nous abordons cette nouvelle vie.
Dans cette sélection, vous trouverez des musiques pour lesquelles nous avons collaboré. Celles d'artistes que nous avons rencontré pendant notre convalescence et qui ont participé à notre mieux-être. Des âmes chères la peuplent aussi.
Nous espérons que cette mixtape vous apportera le réconfort et les frissons qu'elle nous a apporté.
Vous recopiez la tracklist sur la plateforme de diffusion du mix sans oublier, le cas échéant, les liens vers la radio qui l’a diffusée :
Lorsque vous partagez sur les réseaux sociaux, n’oubliez pas, bien entendu, de taguer la radio, mais aussi les artistes et toute personne ou structure impliquée, vous pouvez aussi leur envoyer un message avec le lien du mix.
Voilà ! Vous savez tout…
Maintenant, c’est à vous, à vos mixs !
Le Club des Vies d’Artistes
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Allez, je remets le lien :P
SACEM : La Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM ou Sacem) est une société de gestion des droits d'auteur française fondée en 1851. Elle est membre de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs.
Source Wikipedia
Tracklist mot anglais signifiant littéralement liste de morceaux. C’est la liste ordonnée des morceaux qui apparaissent sur un album, un EP un mix etc.
En pleine écoute... je voyage, mon esprit divague, je me régale
Merci 🙏🏻