Voici la 1ère partie de cette série :
Une fois de plus, avant de rentrer dans le vif du sujet, je vous partage une vidéo qui fait du bien (malgré le postulat de départ) :
Une fois de plus, elle n’a pas de rapport direct avec le thème de cette série.
Pour la résumer, je reprends la phrase de Samah Karaki, la neuroscientifique interviewée :
Quand on peut, on veut.
Je vais me procurer son livre “Le talent est une fiction” bien vite.
Dans l’article précédent, je vous parlais des e-mails de prospection sans réponse (ou si peu) et de l’importance de bien se préparer logistiquement et aussi mentalement à ces temps de prospection.
On continue plus concrètement.
Préparation du travail de préparation !
Comme pour tout, listez les étapes de la préparation.
Plus vous découperez votre mission en sous-missions et micro-tâches, plus le travail vous semblera plus noble et moins fastidieux.
Vous aurez un shot de dopamine après chaque ligne barrée de votre “to doux liste” (expression prise à Denys Roses 🥀).
Vous qui me lisez souvent ou me connaissez le savez (vu que j’en parle H24), j’utilise la technique Pomodoro (merci Ludo bis) avec la version payante de l’application Focus To-Do1 : un chronomètre pour me dire “hop hop hop, tu travailles depuis plus de 45minutes, prend une pause bondiou” et une application de to-do listes avec agenda en même temps.
Julie Gam, mon accompagnatrice, m’aide aussi à faire des points, à lister, à programmer ces moments de travail etc.
Lors de ce travail préparatoire, bien entendu, prévoyez des moments de détente.
Vous avez besoin de laisser flotter votre esprit pour avoir de nouvelles idées business.
Pourquoi ne pas alterner ces moments business avec une mission créative “simple” ou des improvisations sur vos instruments ?
Vous pouvez aussi chercher un-e partenaire de prospection. Le must est un-e ami-e / collègue de confiance, dont le style de musique ressemble au vôtre (au point que vous pourriez faire un co-plateau ensemble), retrouvez vous IRL2 ou en visio !
Dans cette phase préparatoire, n’oubliez jamais de planifier la campagne de relances. Vous devez l’intégrer dans le processus. La relance et le suivi sont essentiels.
Le fichier de prospection
Ce fichier doit, au mieux, se construire à partir du début de votre projet et tout au long de son évolution.
Si vous le commencez en cours de route, ce peut-être un bon outil de satisfaction pour vous rendre compte que vous avez parcouru du chemin, rencontré déjà pas mal de monde etc.
Je vous conseille de le faire sur un document en ligne pour pouvoir le partager facilement avec vos partenaires, les autres membres de votre groupe. J’utilise Google Sheet.
Quand vous faites des envois, il est inutile de spammer, d’envoyer des e-mails groupés (surtout si vous oublier d’envoyer ces mails en copie-cachée).
Je reçois beaucoup trop de mails de prospection de la part d’artistes qui par manque de connaissance et de jugeote me contactent après avoir trouvé mon adresse mail sur Groover, sans passer par Groover.
Il est inutile de récupérer les fichiers de prospection des autres pour vous en servir aveuglément.
Les études de marché
Pour créer un fichier de prospection optimale qui vous correspond, il convient de faire des études de marché, de la veille, des recherches précises.
Comme écrit plus haut, ces recherches peuvent se faire sur le long terme, pas seulement dans les temps de prospection.
Vous pouvez pour cela :
Créer des onglets sur notre navigateur “prospection à trier”,
Enregistrer des posts intéressants sur Instagram,
Noter des artistes qui vous ressemblent,
Créer un Google Sheet accessible facilement depuis votre smartphone pour ajouter des noms à la volée,
Prendre des copies d’écrans et ranger ces photos dans un album dédié,
Noter des noms sur un carnet papier, sur votre application notes…
etc etc
N’hésitez pas à partager vos expériences en commentaires !
Sur ce fichier, il est utile d’écrire des infos sur chaque personne ou structure qui orienteront la rédaction de votre futur mail : qui vous a recommandé, comment vous avez connu la structure, pourquoi cette structure vous intéresse…
L’organisation de ce fichier de prospection est aussi importante.
Pour le booking, il peut se faire par région, par saisonnalité de la programmation ou par degré de connaissances de la structure.
J’ai tendance à faire par degré de connaissance pour tout : tout en haut se trouvent les structures ou personnes que je connais IRL, les salles où j’ai déjà joué ou failli jouer (coucou la pandémie), que je connais car je connais quelqu’un-e qui les connait.
La création de ce fichier prend du temps.
Ce peut être hyper épuisant et démoralisant de se rendre compte de l’immensité des possibilités quand on commence à chercher sur internet.
Souvenez-vous que cette démarche de prospection ne se fera pas en un jour.
Je le répète prévoyez des pauses, en micro et en macro temps.
Il vaut mieux avoir 20 contacts bien ciblés plutôt que 200 contacts hasardeux.
Vraiment, un e-mail ?
Pour chaque contact du fichier, posez-vous cette question :
Est-ce que je pourrais approcher cette personne / structure autrement qu’avec un e-mail ?
Il vaut mieux parfois parler aux gens en réel ou au téléphone ou (dans des cas particuliers) leur envoyer un court message sur les réseaux sociaux. Notez ces infos sur le fichier contact.
Pour les dates de concerts dans vos régions, par exemple dans des SMACs qui proposent des accompagnements d’artistes, déplacez-vous à un concert pas trop complet. Les sorties de résidence d’artistes sont des moments particulièrement propices aux échanges.
Il y a les “release parties” d’artistes ami-es dont les partenaires vous intéressent.
Les forums, conférences, évènements “pro” : MaMa, Bis de Nantes, Printemps de Bourges, Transmusicales de Rennes…
Vous avez peut-être des partenaires pro qui peuvent entrer contact pour vous, même si ça n’est pas dans leur domaine d’action. Ou des ami-es / collègues (en or). Ensuite, vous remettrez une couche personnellement.
Déléguer
C’est à dire employer quelqu’un pour faire cette prospection à votre place.
On pourrait me répliquer :
Je ne vais pas payer quelqu’un pour me trouver des concerts, ce devrait être plutôt à une agence de booking de se payer sur les concerts qu’elle va me trouver.
Réfléchissez aux autres dépenses que vous engagez pour votre projet :
Vous payez 10 à 15% de vos revenus (ou autre deal), lorsque votre manager s’échine à vous trouver des partenaires.
Vous financez le travail d’un-e attaché-e de presse, sans savoir si les retombées média viendront.
Vous payez un organisme de soutien administratif pour le montage d’un dossier de subventions avant de savoir que la subvention vous sera octroyée.
Cela paraît toujours étrange ou difficile aux artistes de payer “en amont” (à la mission ou à l’heure) pour le booking ou la recherche de partenaires.
Cependant, à moins d’avoir un talent pour, tout comme vous n’êtes pas une agence de booking, vous n’êtes pas manager ou vous ne connaissez sûrement pas tout le milieu de la musique.
En réalité, très souvent, vous vous employez vous-mêmes sans contrat et bulletins de salaire.
La prospection vous coûte en temps donc en argent.
Je ne dis pas qu’employer quelqu’un-e est l’idéal car il n’est pas évident de déléguer quand on a l’habitude de tout faire soi. On veut que tout soit parfait, on doit superviser, on craint de “payer pour pas grand chose” etc.
Mais qui vous dit qu’une agence de booking, qu’un-e manager ou qu’un label de renom feront un bon job pour vous ?
Est-ce que l’on a peur de renvoyer aux autres et à soi l’image d’un-e artiste en détresse sans partenaires qui en vient à devoir “dépenser de l’argent” pour ses prospections ?
Les artistes ne sont pas découvert-es par magie et l’argent aide toujours, énormément, dans ces cas de prospection aussi.
Je comprends que les finances manquent et que cela vous freine.
Je comprends bien cela car je ne tiendrais pas ce blog si nous vivions aux pays des licornes, toutes unies et égales en droit artistiques.
Mais si vous dépensez de l’argent pour des sponsos sur les réseaux sociaux à chacune de vos sorties, je ne vois pas en quoi dépenser de l’argent pour déléguer des tâches considérées comme ingrates pour les artistes serait un problème.
Si la délégation vous tente, votre travail de prospection doit avoir été déjà entamé ou réfléchi un minimum pour faciliter la tâche de la personne que vous allez employer.
Sites de mise en relation
Il existe de plus en plus de sites internet qui vous permettent d’entrer en relation avec des médias (surtout), mais aussi des structures, des labels, des managers, des influenceureuses etc. qui ont pour obligation de vous répondre car vous les payez pour ça.
Beaucoup d’entre vous devez connaître Groover grâce à qui nous nous sommes peut-être rencontré-es virtuellement vous et moi.
Il y a aussi Submit Hub, Playlist Push, Muso Soup, Submitl.ink… Je ne les ai pas toutes testé.
Ces plateformes ont leur avantages et leurs inconvénients. Une chose est sûre cependant : vous aurez une réponse. Est-ce que cette réponse vous satisfera ? C’est une autre histoire !
Si l’aventure vous tente, préparez bien vos envois. Sérieusement.
Pensez ces campagnes comme des campagnes de prospection traditionnelles.
Ciblez bien vos envois, soignez vos profils, vos bios, vos pitchs, vérifiez vos liens etc.
Lisez les FAQ3 des sites, ils regorgent de conseils pour lancer des campagnes optimales.
Si vous peinez à lancer des campagnes Groover (ou autres) soignées, vous peinerez à envoyer des emails de prospections soignés. Ainsi, selon moi, les campagnes sur ces plateformes sont de bons entraînements.
Il existe aussi beaucoup de sites de mise en relation entre artistes et organisateurs de concerts : Linkaband, Zikri, Musilink, Gigmit…
Je vous avoue : je n’ai jamais testé, je n’ai pas pu lancer un sondage et faire plus de recherches à ce propos. Si vous avez des expériences, des opinions, des conseils à partager sur ces sites d’aide au booking, n’hésitez pas à m’écrire.
Le bon matériel de prospection
Durant cette phase de préparation, vous devez préparer vos contenus promos : démos, biographie, dossier de presse, vidéo de live, en privé…
Il faudrait consacrer un article entier à chaque contenu promo. Mais je ne pense pas pouvoir le faire (prochainement du moins), ça déborderait de mon champ d’expertise.
Comme on prospecte à chaque étape différente de notre parcours et qu’il faut bien commencer quelque part, vous ne pourrez pas tout avoir dès le début.
Vous n’allez peut-être pas filmer votre 1er concert pour que cette vidéo serve au booking.
Si vous venez de composer vos chansons mais que vous aimeriez les faire écouter à des gens en privé, vos morceaux ne seront pas idéalement produits.
Attendre que “tout soit terminé” et/ou ait “l’air pro et propre” est une stratégie qui se tient si elle satisfait l’artiste.
Cependant, elle ne convient pas à tous les caractères, à tous les projets et à toutes les bourses.
S’il vous manque ce genre contenu crucial, il faut adapter vos prospections en fonction. Je vous conseille de ne pas forcément souligner par un long paragraphe empli de gêne “que vous n’avez pas tout ce qu’il faut”.
Contacter des prospecs en faisant état de l’avancement des projets avec à chaque fois des démos qui se perfectionnent, des concerts de plus en plus intéressants, des étapes de franchies etc. permet de garder le fil avec vos contacts, de montrer que les choses évoluent, de rappeler votre existence.
Le bon e-mail
“Le bon email de prospection” est aussi un sujet à part entière qui mériterait une série d’articles à rallonge.
Jean-Michel Fayard, membre du Club des Vies d'Artistes, est artiste mais aussi informaticien, développeur pour plus de précision.
Sur le groupe Discord du Club, il nous a partagé le lien d'un article très court pour des recrutements de développeurs.
Selon moi, c'est assez intéressant de s'inspirer de conseils pour des prospections qui n'ont rien à voir avec le milieu artistique car ça désacralise nos démarches.
À lire >> ICI MÊME <<
Voici tout de même quelques conseils pour la rédaction d’emails de prospections “musique actuelle” :
Un sujet d’e-mail clair, informatif.
Personnalisation de l’email “Bonjour Dominique,”.
En quoi la structure / personne nous intéresse au-delà de ce qu’elle pourrait simplement nous apporter “le goût prononcé de La Tangente pour la néo-soul-musette-core me parlent car…”
Qui nous recommande ? “Je te contacte sur les encouragements de Machine, l’ingé-son de mes concerts et ta voisine” (exemple à 2 centimes, je l’avoue)
Pas de pièce-jointe (à la rigueur, mais vraiment à la rigueur, un PDF léger) ou de WeTransfer à durée limitée.
Des liens vers des écoutes ou visionnages privés (ou non). Soundcloud ou YouTube permettent la diffusion privée.
Ou un lien vers un “espace pro” sur votre site internet, publique ou privé, ou un site dédié type Bridge.audio4 (je ne l’utilise pas encore mais je vais sauter le pas bientôt).
Ou un press kit en ligne créé via Mailchimp ou Brevo (ex Sendinblue).
Parlez d’une actualité dans votre email : nouveau clip, cover, concert, remix, Dj set, signature avec un-e partenaire, tremplin remporté…
Soyez précis-e. Des phrases courtes. Il y a toujours un moyen d’écourter des phrases. Utilisez un compteur de caractères, Chat GPT, faites des “listes à puces”5 etc.
Même si l’email est personnalisé, vous gagnerez du temps en incorporant des passages modèles pour les liens, les prochaines actus, l’invitation à un concert... Gmail permet l’insertion de modèles d’email, sinon copiez-collez.
C’est mon avis personnel, si votre prospection est une demande précise, terminez l’email par une phrase du type : Merci pour ta/votre réponse, même négative. Même si on conseille souvent de ne pas poser de questions qui amènent à répondre oui ou non, je pense que c’est probant dans certains cas.
Se faire passer pour un-e partenaire. Les avis divergent.
Ne pas se faire passer pour un-e partenaire. Les avis divergent.
Allez, un dernier conseil pour la route :
Evitez le “Musicalement” à la fin. Certain-es fichu-es pros parfois se moquent et font même des storys à ce propos. Monde cruel.
En espérant que tout cela vous aura aidé.
Je vais de me pencher sur l’écriture de la fin de la série “On ne répond pas à mes mails” qui concernera le moment de l’envoi et la relance. Vous avez des commentaires, des conseils ? N’hésitez pas à m’écrire ! Je cite toujours mes sources :)
Et je me prépare toujours mentalement à ma phase de prospection de (bons) concerts pour VoxAxoV.
Je vous rappelle l’existence du Club “Des Vies d’Artistes” !
À vite pour la suite !
Oui la version payante de l’application. Et je ne le regrette pas.
IRL, adverbe. Emprunté au sigle anglais IRL (In Real Life, littéralement « dans la vraie vie »). (Argot Internet) Où l’on rencontre les gens physiquement, par opposition aux relations dématérialisées que l'on peut avoir via Internet. À ne pas confondre avec l’IRL, l’indice de référence des loyers en France.
Source : Wikitionnaire.
FAQ, nom féminin invariable. De l’anglais FAQ “Frequently Asked Question”. “Foire Aux Questions”. Rubrique (d'un site Internet…) qui regroupe les réponses aux questions les plus fréquemment posées.
Source : Le Robert.
Oui, Bridge.audio est payant. Comme pour la version payante de Focus To-Do, c’est comme tout : vous pouvez passer du temps à construire votre espace pro ou vous pouvez payer un service pour ne pas avoir à faire ce travail (et arrêter l’abonnement au moment où vous n’aurez plus besoin du service).
Liste à puces, féminin. Liste dont les articles sont précédés du caractère typographique de puce : •.
Source : Wikitionnaire.
Mails très clair et utile ! J'ai été stagiaire en agence de presse et vite fait l'agente de deux amies (duo piano-violoncelle classique) et ces conseils m'auraient certainement été très utiles à l'époque. M'enfin, la prospection ne fait de toute façon pas partie du tout des métiers faits pour moi 😅