Cet article semble long car il contient beaucoup de contenus visuels. Je vous garantis que sa lecture est dynamique, fluide et intéressante héhé
Mon dernier article a suscité beaucoup de retours très touchants.
Merci pour vos témoignages. Vos messages de soutien.
Le handicap dans le milieu de la musique reste un angle mort.
C’est révoltant.
On commence à parler de prévention, de réduction des risques, de santé mentale ou physique, avec des conseils à “prendre soin de soi” pour éviter l’accident ou le burn-out. C’est une avancée.
Mais c’est une tout autre histoire quand il s’agit d’un trouble psychique ou d’une maladie chronique, quand le handicap s’impose au quotidien, sur le long terme - et pas seulement dans des contextes ponctuels.
L’industrie musicale ne soutient en rien les artistes en situation de handicap. Elle instrumentalise aussi parfois leur vécu à des fins de storytelling.
Je n’ai pas fini de parler de ce sujet.
BREF.
Je sors à peine de mon arrêt maladie. Je reprends doucement mes esprits.
Et…
Bing ! Un concert !
Le premier de VoxAxoV depuis des mois.
Un concert auto-produit1 en plus !
L’esprit et le cœur sereins
Heureusement, je ne suis pas seul-e dans cette aventure. Le duo lillois KosmoSuna est à l’initiative du projet, et nous avons invité Blanche Esther à rejoindre le plateau.
Nous sommes toustes motivé-es. Nous coordonnons nos actions préparatives (crossposting sur Instagram, invitation des pros et des proches, coup de fil à l’ingé-son, au programmateur etc.).
Nous nous encourageons ❤️
Le dernier post Instagram en crossposting par Blanche Esther (le précédent avait été créé par KosmoSuna) :
Beaucoup d’éléments sont déjà en place pour mes concerts : la setlist tourne depuis l’année dernière, le merch est prêt, le stylisme défini, la fiche technique calée, et je répète chez moi régulièrement.
Dans mon agenda, tout converge vers ce concert. J’ai réussi à écarter pour une semaine les gros dossiers qui auraient pu me détourner de cet objectif.
Je suis aussi largement soutenu-e par Lilian Dupont, le diffuseur de VoxAxoV. Il invite des pros (on verra bien s’iels viennent), m’a aidé à coller les affiches dans Paris, sera là le jour du concert en renfort et surtout, m’écoute longuement parler du projet.
J’ai ressorti ma “checklist concert”
Cela me permet de me rendre compte que l’organisation de ce concert s’est faite plutôt sereinement.
À ce jour, certains points restent à régler, mais je ne ressens pas de stress (et les préventes décollent, ça fait du bien).
Après tout, il s’agit d’un concert dans une salle de 80 places. Même si je mets la même passion dans chaque date, j’essaye aussi de garder une juste appréciation des enjeux et des risques.
En relisant cette check-list, je réalise à quel point ma manière d’aborder le travail autour des concerts a évolué en peu de temps. Et pourtant, les graines que je récolte aujourd’hui étaient déjà en train de germer à l’époque de sa rédaction.
Il faudra que je mette à jour cette check-list : ajouter un paragraphe sur le handicap, et poser des limites plus claires quant à l’usage des réseaux sociaux.
La communication et la promotion du concert
J’essaie toujours de créer un lien humain, de trouver une touche d’originalité dans ma manière de communiquer. Je ne me contente pas de “poser des infos” en ligne, comme on remplit une fiche technique. Je suppose que beaucoup l’ont déjà compris, mais je me suis dit que vous aimeriez peut-être en savoir un peu plus.
Bandsintown et Songkick
C’est avec le concert de réunion du Kilimanjaro Darkjazz Ensemble que j’ai pu tester la puissance d’outils comme Bandsintown et Songkick. Ces plateformes permettent aux artistes de partager leurs dates de concert facilement, et aux fans de suivre leurs artistes préféré-es pour ne pas rater d’événement près de chez eux.
Lorsqu’on ajoute une date sur Bandsintown, elle se synchronise automatiquement avec notre profil Spotify (entre autres). Avec Songkick, c’est (entre autres) notre page Bandcamp qui est mise à jour.
Ces outils font office à la fois d’agenda de tournée, de système d’alerte personnalisé et de relais de communication. Ils peuvent s’intégrer aux réseaux sociaux ou aux sites web.
Billets suspendus & accompagnant-es handi-es
Je vous avais parlé des billets suspendus dans mon dernier article — et bonne nouvelle, l’idée fonctionne vraiment bien (mieux que les dons directs à l’association).
Des personnes qui habitent loin, mais souhaitent soutenir la soirée, les artistes, et la cause, participent avec joie. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point ce geste fait du bien.


Suite à mon précédent article, une artiste handie m’a soufflé une très bonne idée : ajouter un tarif pour les accompagnant-es de personnes handi-es. L’idéal serait bien sûr de leur offrir l’entrée, mais nous ne sommes pas un musée national subventionné… Alors, on a fait au mieux : un billet à 5€.
Comme nous utilisons HelloAsso pour la billetterie, l’ajout des différents tarifs s’est fait sans problème.
Les messages privés
Je le dis souvent, et avec KosmoSuna et Blanche Esther, on se l’est vraiment répété : rien ne vaut les messages privés pour inviter les gens à un concert.
C’est aussi l’occasion de reprendre contact avec ses ami-es.
On croit parfois qu’on va déranger… mais en réalité, ce sont souvent les autres qui sont embêté-es de ne pas pouvoir venir.
Inviter les pros
À Paris, faire venir des pros, c’est un peu mission impossible - à moins de finir dans une finale de tremplin célèbre, d’avoir une vraie touche, que rien d’autre n’ait lieu le même soir etc. Bref, il faut que les planètes s’alignent miraculeusement.
Pour le délicat sujet des “pros à inviter” quand on gère soi-même la billetterie, voici mon astuce :
Bonjour Bidule,
Je te contacte pour te convier à mon prochain concert.
Si la personne demande une invitation, c’est à vous de juger.
N’oubliez jamais : votre bien-être doit toujours passer en priorité. Cela inclut aussi de ne pas perdre (trop) d’argent ni de points de vie sur un concert.
Les posters
Alexis de KosmoSuna a eu raison d'insister pour que l’on imprime des posters, à la fois à afficher et à vendre lors de la soirée.
Je les ai fait imprimer à la Rotrographie, à Montreuil : https://rotographie.com/.
Rotographie est une chaîne graphique autogérée au service des mouvements sociaux et culturels.
Le lieu est fascinant pour les passionné·es de papier, d’ambiances vintage et de valeurs solidaires comme moi. En plus, les prix y sont vraiment attractifs !
Ambroise de Rotrographie m’a parlé de cette devanture :
Rotographie a été créée il y a 50 ans et le panneau est d’origine (…) pour nous, c’est une sorte de témoin de ce que Rotographie a traversé et une sorte d’hommage aux centaines de camarades qui ont donné beaucoup pour faire vivre cet outil.
J’aurais pu passer des heures dans ce lieu. J’ai même récupéré dans leur poubelle des vieux papiers des années 70 pour confectionner les carnets de VoxAxoV !
Puis, la mission affichage a commencé.
J’avais à cœur de poser les posters dans des lieux alternatifs, militants et/ou queers, qui partagent nos valeurs2.
C’était sportif, j’ai parcouru plus de 16 km en deux jours. Ce n’est pas à la portée de tous les corps ni de tous les emplois du temps.
Lilian est venu avec moi le premier jour, c’était fun. Le deuxième jour, j’étais assez fatiguée par la veille, alors j’y suis allée tranquillement.
J’ai fait des calculs imaginaires en pensant aux centaines de personnes qui passeront par les toilettes de la Cantine de la Cigale ou de l’Olympic Café et verront le poster...
J’en ai profité pour prendre une jolie photo dans chaque lieu et faire une story sur Instagram, en inventant une histoire en lien avec la soirée.
Cette aventure a vraiment donné de la vie à la promotion du concert en me sortant la tête des écrans. Les personnes des différents lieux ont adoré le visuel réalisé par Amy Gough, qui est vraiment réussi.
À Paris, l’aventure est colossale, mais j’imagine que dans une ville de taille plus modeste, le jeu en vaut vraiment la chandelle.
Sur les réseaux sociaux quand même lol
Vous l’aurez compris, j’ai un peu réinvesti Instagram pour promouvoir ce concert, alors même que je suis censée m’en éloigner :
J’ai tout de même fait un short sur Youtube :
Mais comme je suis mes propres conseils partagés dans le 2ème article “Je quitte (presque) Instagram”, je ne suis pas engluée dans cette plateforme.
Vous l’aurez compris, j’utilise Instagram en dilettante car je peux me le permettre.
L’artistique
La joie du merch
J’ai rouvert la mallette de merchandising artisanal de VoxAxoV et fait un rapide inventaire : pas assez de carnets.
J’ai donc passé une bonne partie du week-end dernier à en confectionner de nouveaux. Ahhh, le plaisir de massicoter du papier de toutes les couleurs récupéré dans les encombrants, d’assembler les feuilles, de percer, de nouer…

L’artiste Loutre était avec moi et m’a fait l’honneur de dessiner VoxAxoV. Iel dira que ce n’est pas grand-chose, que ça ne lui a pas pris longtemps… mais moi, qui ne sais pas dessiner du tout, je regarde ce geste avec beaucoup d’émotion et de reconnaissance.

La musique, le spectacle
Je garde le meilleur pour la fin.
Je fais une musique en grande partie improvisée, même si le concert suit une trame. Au sortir de mon arrêt maladie, je n’avais ni l’élan ni le besoin de revoir ma setlist. Ce spectacle, créé en mars 2024 à la Mécanique Ondulatoire, a encore trop peu vécu : j’avais besoin de le laisser respirer, de continuer à l’habiter.
La particularité des concerts de VoxAxoV réside aussi dans les performances qui incluent le public et ce que je dis entre les « incantations ». J’ai adapté mon discours au thème de la soirée : Tame The Beast – Dompter la Bête. J’en ai fait une allégorie de notre besoin urgent de repousser les forces obscures (l’extrême droite, le capitalisme, la pollution, les oppressions, etc.), et de retrouver ensemble la douceur, la force, la joie.
Et le reste ?
Il reste encore pas mal à faire : le maquillage, les derniers réglages son, une ultime répétition, le tri du matériel, décider si je prends le Zoom pour enregistrer, peut-être trouver un-e photographe pour capter la soirée, préparer l’arrivée de KosmoSuna que j’héberge, envoyer les dernières invitations, faire quelques stories, expédier la newsletter de VoxAxoV… finir cet article, vous l’envoyer et en faire un post Instagram peut-être.
Pfiou. Ça fait beaucoup non ?
Je me dis que ça ira car les concerts sont une de mes raisons de vivre et que je vais beaucoup mieux .
Comme beaucoup de personnes avec un trouble psy, les périodes d’accalmie peuvent aussi être angoissantes : la peur sourde d’une rechute plane souvent.
C’est toujours une question d’équilibre.
VoxAxoV posait déjà cette question dans sa toute première incantation “Tu te trouveras” :
Balance where are you ?
Équilibre où es-tu ?
C’est ma quête éternelle vers cette zone grise enchantée, mon Golden Grey.
C’est mon chemin. Et j’apprends, encore et encore, à l’arpenter.
Je crois que j’ai déjà écrit ça sur ce blog, non ?
Tant pis. Ici, je suis chez moi. Vous aussi.
Mi casa es tu casa3.
De toute façon, j’aime que ma voix se répète. Je mets de l’écho partout dans ma musique.
L’écho laisse une trace et permet la transmission. C’est un dialogue avec soi-même. Il dilate le temps. C’est la voix de l’invisible qui transforme nos expériences en leur donnant un nouveau sens.
Les cycles tout ça tout ça.
Au final, faire peu de concerts me permet d’avoir le temps d’entrevoir tout cela.
…
Je vous dis à très bientôt 💫
Quand un artiste organise un concert par ses propres moyens, sans passer par une structure de production professionnelle, cela implique qu’il ou elle gère tout : la réservation de la salle, la technique, la communication, la billetterie, parfois même l’accueil du public et la vente de merchandising.
Voici les lieux dans lesquels j’ai affiché le poster : les Nouveaux Sauvages (bien entendu c’est là où on joue), un magasin de fruits et légumes locaux dans lequel une personne que je connais travaille, la Cantine de la Cigale, les Balades Sonores (disquaire), l’Olympic Café, la Pointe Lafayette, le Point Éphémère, A-one (disquaire), le Bonjour Madame, Violette & Co, la Frange Radicale (salon de coiffure), l’Escargot, les Cascades, le Folies, le Zorba. J’aurais aimé en afficher ici aussi (je ne sais pas si c’est possible partout) : Merci Marsha, le Cirque Electrique, le Chair de Poule, le Montvenus (à Montreuil), la Cantine de Belleville, le Cabaret des Merveilles, la Mutinerie, L’Imprévu café.
"Mi casa es tu casa" est une expression espagnole qui signifie littéralement "ma maison est ta maison". Elle est utilisée pour exprimer l’hospitalité chaleureuse, comme pour dire : "tu es ici chez toi". C’est une façon conviviale et généreuse d’inviter quelqu’un à se sentir bienvenu·e, comme en famille.
Merci de nous partager tout cela si simplement ! J'avais pas réalisé tout ce que l'on faisait (meme moi) pour l'organisation d'une date ! ;-)